Depuis longtemps, les syndicats sont à l’avant-garde de la lutte pour rectifier les injustices structurelles dans le milieu de travail et défendre les droits des travailleuses et des travailleuses. Toutefois, les aspects intersectionnels de l’injustice fondée sur la race, le genre, l’orientation sexuelle, un handicap et d’autres ostensibles de l’identité ont souvent été passés sous silence par l’approche traditionnelle à l’activisme syndical. Les syndicats ont remarqué au cours des dernières années un changement notable dans l’attitude envers l’usage de l’intersectionnalité comme cadre pour comprendre et résoudre ces types compliqués d’oppression et de discrimination. Les syndicats se sont engagés envers une approche plus inclusive et complète au lobbying en se rendant compte que les gens peuvent faire face à de nombreux niveaux de désavantages simultanément. Une approche interdisciplinaire est requise pour parvenir à lutter avec succès contre l’inégalité puisque celle-ci reconnaît que la convergence de plusieurs identités sociales et dynamiques du pouvoir façonne les expériences et les besoins des travailleuses et des travailleurs et nécessitent une prise de conscience en créant une communauté/un espace autonome qui comprend un échange linéaire de dialogue sur les nouveaux secteurs d’apprentissage et de désapprentissage (« non traditionnels »), passant ainsi de la non-inclusion mécanisée à une sensibilisation plus vaste aux questions sociales à une échelle mondiale.
Afin de faire avancer la diversité, l’équité et l’inclusion dans leurs rangs et à l’échelle et à l’échelle du mouvement syndical, les syndicats ont de plus en plus recours à l’intersectionnalité comme concept d’orientation. Les syndicats peuvent reconnaître et traiter plus efficacement les enjeux particuliers auxquels les groupes marginalisés— comme les femmes de couleur, les employés 2SLGBTQ+, les immigrantes et immigrants et les personnes handicapées— font face, au moyen d’une analyse intersectionnelle. Les syndicats peuvent créer des politiques, des techniques de négociation et des campagnes plus sensibles qui accordent la priorité aux plus vulnérables de la population active en soulevant les expériences et les voix de celles et ceux qui se trouvent à la croisée de nombreux types d’oppression. De plus, les syndicats peuvent renforcer leur influence combinée pour insister sur un changement systémique en favorisant l’unité entre divers groupes et en forgeant des partenariats avec d’autres organismes de justice sociale. Essentiellement, le dévouement des syndicats envers l’intersectionnalité est important.
Comment les représentantes et les représentants syndicaux discutent correctement de questions sociales d’une façon complète?
De nombreux facteurs doivent être pris en considération lorsqu’on traite des écarts liés à la race et au genre. Tout d’abord, le concept de l’inégalité est à volets multiples et compte de nombreuses sous-catégories. Chaque expérience est différente et ne peut être combinée en un seul problème social. Par conséquent, la présence de ces voix provenant des communautés à la table est essentielle à la création de l’espace requis pour aborder ces questions sociales.
J’adopte une approche d’intersectionnalité dans l’élaboration d’un nouveau langage qui sera inclus dans les conventions collectives. À titre de négociatrice en chef en 2023 représentant le personnel de soutien à l’Université d’Ottawa et candidate actuelle au doctorat, je spécialise dans le démantèlement des obstacles institutionnalisés et structurels liés à l’inégalité, au racisme et à la discrimination.
Voici cinq étapes que les représentantes et représentants syndicaux peuvent appliquer pour lutter contre l’inégalité :
- Créer une équipe de négociations. Cette équipe DOIT être composée de représentantes et représentants (les expériences vécues outrepassent tout renseignement provenant de manuels de classe ou d’articles). Le pouvoir collectif à la table de négociations peut s’avérer une voix puissante. Un appel pour le recrutement de membres à participer à ce comité pour discuter et attirer l’attention aux problèmes liés à l’inégalité.
- Recherche. Administrer des sondages auprès de vos membres, dont les questions sont axées sur l’égalité, offrant ainsi un aperçu et soulignant les secteurs problématiques principaux.
- Analyse. Les données obtenues doivent être analysées sous une lentille de l‘intersectionnalité.
- Langage. Un nouveau langage inclusif est requis. Un langage inclusif comprendrait des références aux personnes 2SLGBTQ+, au racisme, aux personnes non binaires, à l’écart salariat entre les genres et à l’écart salarial fondé sur la race.
- Ajouter un langage inclusif dans la convention collective.
Ressources :
Paulo Freire – Conscientization
Le Conference Board du Canada – Racial Wage Gap
Karine Coen est vice-présidente du District 35, personnel de soutien à l’Université d’Ottawa.
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