Violence conjugale à la hausse pendant la pandémie de la COVID-19
À la mi-mars 2020, les Canadiennes et Canadiens ont reçu la consigne de s’auto-isoler en raison de la pandémie de la COVID-19. La raison en était d’empêcher le virus de se propager et de protéger la population canadienne. Malheureusement, l’isolement, le manque de contact avec les amis et la famille et le manque d’accès aux services sociaux ont, pour citer la ministre fédérale des Femmes et de l’Égalité des genres, Maryam Monsef, créé une situation explosive pour les victimes de violence conjugale.
Les cas de violence conjugale sont à la hausse depuis le début de cette crise de pandémie. À certains endroits, comme la Région du Grand Toronto (RGT), Maryam Monsef indique que le nombre d’appels aux abris d’urgence a augmenté de 400 pour cent et que les incidents de violence ont augmenté de 20 à 40 pour cent. Dans certaines régions rurales, par contre, le nombre d’appels a diminué. Cela ne signifie pas nécessairement que le nombre de cas de violence a chuté. Au contraire. Les soutiens en région rurale sont souvent plus difficiles à accéder et quand une femme est sans arrêt sous surveillance par son conjoint violent, elles peuvent avoir plus de la difficulté à quitter la maison pour chercher de l’aide. À l’échelle mondiale, il y a eu des demandes de la part de l’Organisation des Nations Unies pour que les pays élaborent un plan visant à mettre fin à cette hausse.
De nombreuses femmes et de nombreux enfants passent toute la journée en compagnie du conjoint/parent violent. Puisque de nombreux conjoints violents sont sans emploi et que les familles sont davantage aux prises avec l’instabilité financière, le stress est à son maximum. Les femmes et les enfants ont très peu d’options en matière de sécurité. Certains abris sont bondés et certains d’entre eux ne peuvent pas ouvrir leurs portes à cause des restrictions de distanciation en raison de la COVID-19. Enfin, des fonds arrivent aux abris pour les aider à composer avec le besoin à la hausse et pour appuyer les femmes et les enfants aux prises avec des situations de violence.
Présentement, les dirigeants syndicaux, les amis et les voisins se doivent d’être vigilants. Le fait d’être un bon voisin signifie de vous renseigner auprès de voisins que vous soupçonnez peut être aux prises avec une situation de violence à la maison. Offrez un soutien et appelez pour obtenir de l’aide, au besoin. Les dirigeants syndicaux devraient communiquer avec ces membres qu’ils soupçonnent être en présence d’un conjoint violent à la maison. Il est important d’être une source de soutien pour les femmes et les enfants pendant cette période d’isolement.
L’attaque survenue en avril en Nouvelle-Écosse a entraîné une plus grande vigilance de la part des syndicats en ce qui concerne la violence conjugale pendant la pandémie. Les statistiques démontrent que de nombreuses fusillades de masse commencent par la violence conjugale et, effectivement, le tireur en Nouvelle-Écosse a commencé sa fusillade par une agression contre sa conjointe. « Il nous faut reconnaître que ces meurtres ont été engendrés par la misogynie, » a indiqué Marie Clarke Walker, secrétaire-trésorière du Congrès du travail du Canada. « Ils ne sont pas « insensés », « aléatoires » ou « isolés ». Ils font partie d’une crise de violence à l’égard des femmes à l’échelle du pays. Il s’agit de la même crise qui fait en sorte qu’une femme ou fille perd la vie aux trois jours dans ce pays. »
Le Congrès du Travail du Canada (CTC) passe à l’action pour mettre fin à la violence conjugale au Canada, pendant la pandémie de la COVID-19 et également par la suite. Le CTC fait pression auprès du gouvernement pour mettre sur pied un Plan d’action national sur la violence faite aux femmes et aux filles. Ils ont également créé des programmes d’éducation en collaboration avec des experts de la violence fondée sur le genre de l’Université Western Ontario. Ces ateliers aident les dirigeants syndicaux à comprendre comment cerner les formes de violence conjugale, dans le but de les habiliter à fournir un soutien à leurs membres et à leurs familles.
OSSTF/FEESO répond aux préoccupations grandissantes des dirigeants d’unité de négociation concernant les membres que l’on soupçonne font face à des situations de violence conjugale. Le Programme d’intervenantes auprès des femmes, créé en 2019, formera plusieurs intervenantes dans chaque district pour appuyer les membres faisant face à la violence conjugale et leur fournir des ressources. Bien que la formation pour ce programme ait été reportée en raison de la COVID-19, nous déployons des efforts pour offrir la formation de nos intervenantes sous peu. OSSTF/FEESO a également fait un don de 25 000 $ à la Ontario Association of Interval and Transition Houses (OAITH) au début de la pandémie pour offrir une aide à une période lors de laquelle nous prévoyions un besoin plus élevé.
La chose la plus importante à se rappeler est que nous avons tous un rôle à jouer. Le fait d’afficher des renseignements sur la sécurité et la sensibilisation à l’intention des membres, comme ceux-ci vidéo (The National) : How a pandemic affects domestic violence), pourrait sauver la vie d’une personne, habiliter vos membres à quitter la situation dangereuse dans laquelle ils se trouvent ou tout au moins à les encourager à chercher un soutien. Vous pouvez diriger les membres à leur Programme d’aide aux employés (PAE) qui peut également offrir un soutien.
Le statu quo n’est pas envisageable.
Si vous soupçonnez qu’un de vos membres vit une situation de violence conjugale, prenez l’initiative et encouragez-la à obtenir un soutien. Les organismes d’abri pour femmes, considérés comme étant un servie essentiel, sont ouverts et acceptent les appels, et le gouvernement a alloué des fonds supplémentaires aux organismes d’abri pour femmes pour les aider en cette période de besoin. Personne ne mérite de vivre dans un domicile où il y a de la violence.
Comment aider une personne que vous connaissez ou les personnes qui souffrent dans votre communauté (du CTC)
Que devriez-vous faire si vous vous inquiétez au sujet d’une collègue de travail, d’une amie ou d’un membre de la famille que vous soupçonnez être aux prises avec une situation de violence?
- Rappelez-leur que vous vous souciez de leur santé et de leur bien-être.
- Encouragez-les à communiquer avec l’abri pour femmes de leur localité pour obtenir un soutien et élaborer un plan de sécurité.
- Gardez les lignes de communication ouvertes pour réduire l’isolement.
- Les représentants syndicaux qui sont venus en aide à des membres pour élaborer un plan de sécurité au travail peuvent travailler avec elles et une travailleuse d’un abri pour femmes pour l’adapter au nouveau contexte.
Comment pouvez-vous aider dans votre communauté?
- Envisagez de faire un don aux abris pour femmes de votre localité pour qu’ils puissent continuer d’offrir des services pendant la présente crise. Communiquez avec votre organisme local pour savoir comment obtenir de l’aide.
Que faire si vous avez besoin d’aide
- Communiquez avec un abri pour femme ou appelez une ligne d’aide téléphonique, qui vous fournira des renseignements, un soutien et des renvois à d’autres services. Vous n’avez pas besoin de chercher un abri pour femmes pour obtenir de l’aide.
- Même si le fait de quitter ne vous semble pas une option réaliste, les travailleuses dans les abris pour femmes peuvent vous offrir de l’aide dans l’élaboration d’un plan de sécurité, vous tendre l’oreille et vous aider à mieux comprendre votre situation.
- Si vous appartenez à un syndicat, élaborez et adaptez un plan de sécurité avec votre représentant syndical. Si vous n’appartenez pas à un syndicat, travaillez avec votre employeur et une travailleuse d’un abri pour femmes.
- Si vous êtes dans une situation de danger immédiat, faites le 911. Vous n’avez pas à dire à la standardiste du 911 pourquoi vous appelez si vous craignez la réaction de votre partenaire. Même si vous ne dites que « j’aimerais commander une pizza », la police se dirigera chez vous.
Liens utiles
Hébergementfemmes offre des renseignements et peut vous aider à trouver un abri dans votre communauté. Les lignes d’aide téléphoniques en cas de crise sont disponibles dans la plupart des provinces et des territoires et le 211 peut vous permettre d’obtenir les sources locales de soutien dans la plupart des communautés.
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