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Le 6 décembre – Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes

Illustration of a coloured rose lying on its side

Le 6 décembre 2018 marquera le 29e anniversaire de la tuerie de 1989 à Montréal, alors que 14 femmes ont été abattues à l’École Polytechnique, simplement parce qu’elles étaient des femmes inscrites à un programme qui, selon l’assaillant, était un domaine principalement occupé par des hommes, l’ingénierie. L’onde de choc de cet incident s’est fait sentir partout dans le monde. La population canadienne ne pouvait pas s’imaginer qu’un tel drame pouvait avoir lieu au Canada. La vérité, c’est que le féminicide ne connaît pas de frontières.

À titre de membre d’OSSTF/FEESO, sauf si vous œuvrez comme instructeur en éducation permanente ou à la prestation d’un programme d’études aux adultes, les élèves du palier secondaire ou élémentaire avec lesquels vous travaillez n’étaient pas nés quand cet événement s’est produit. Au fil des ans, j’ai pu voir les différentes façons auxquelles la date du 6 décembre a été soulignée dans les écoles : à partir d’un moment de silence pour honorer la mémoire des 14 femmes abattues, jusqu’à faire jouer la chanson « Warrior » des Wyrd Sisters, un groupe canadien winnipegois, lors des annonces du matin, ou encore voir 14 femmes vêtues de noir et portant une affiche représentant chaque femme tuée cette journée-là. Dans la communauté, les marches « Reprenons la nuit » ont toujours lieu ainsi que des veilles à la chandelle, des cérémonies commémoratives. Des monuments locaux ont été érigés dans de nombreuses communautés. Il est important de se rappeler cette journée tragique de l’histoire canadienne et de ne pas oublier celles qui y ont laissé leur vie, mais qu’est-ce que cela représente pour les femmes d’aujourd’hui?

En mars 2015, le gouvernement de l’Ontario a publié, « Ce n’est jamais acceptable : Plan d’action pour mettre fin à la violence et au harcèlement sexuels ». Tout au début du rapport, un paragraphe très important y est inscrit :

  •  Des recherches indiquent que 460 000 agressions sexuelles ont lieu chaque année au Canada. Seulement 33 agressions sexuelles sur 1 000 sont déclarées à la police, dans 12 de ces cas des accusations seront portées, six aboutiront devant les tribunaux et seulement trois mèneront à une condamnation. (p. 7)

Ces données troublantes sont suivies par des statistiques plutôt sombres :

  • Dans 99 % des cas d’agressions sexuelles, l’auteur est un homme. (p. 8)
  • Les taux de victimisation sont cinq fois plus élevés chez les femmes de moins de 35 ans. (p. 9)
  • Une femme sur trois sera victime d’une agression sexuelle au cours de sa vie. (p. 9)
  • Les femmes handicapées sont trois fois plus susceptibles d’être contraintes à avoir une relation sexuelle par le recours aux menaces ou à la force. (p. 15)
  • Il y a 47 % des crimes violents commis contre des filles de moins de 12 ans qui sont de nature sexuelle. (p. 22)
  • Les filles âgées de 12 à 17 ans sont huit fois plus susceptibles d’être victimes d’une agression sexuelle ou d’un autre type d’infraction de nature sexuelle que les jeunes garçons. (p. 23)
  • Vingt-huit pour cent des Canadiennes et des Canadiens affirment avoir déjà reçu des avances sexuelles importunes et des demandes de faveurs sexuelles ou s’être fait dire des paroles à connotation sexuelle au travail. (p. 24)
  • Quatre Canadiennes et Canadiens sur cinq ayant affirmé avoir vécu des expériences sexuelles non désirées n’ont pas signalé ce comportement à leur employeur. (p. 25)

La raison d’être première du Plan d’action était de souligner la vulnérabilité toujours présente des femmes dans notre société et de mettre en place certaines stratégies visant à rectifier la situation, comme augmenter le financement et les services aux femmes à risque de violence sexuelle, aborder la question de la santé mentale, rehausser l’accès aux services de counseling et modifier la Loi de 2006 sur la location à usage d’habitation afin de permettre aux locataires qui tentent d’échapper à la violence sexuelle ou familiale de rompre leur bail moyennant un préavis inférieur à 60 jours (p. 31). Il est intéressant de se demander si le gouvernement actuel éliminera ou réduira ces services.

En cette ère « #Moi aussi », la violence familiale et sexuelle, le trafic d’êtres humains, l’iniquité salariale selon le sexe, l’omniprésence de la « culture du viol » dans nos établissements postsecondaires et le grand nombre de femmes autochtones disparues/tuées, il est important de se rappeler et d’honorer ces femmes qui ont perdu la vie le 6 décembre 1989 simplement parce qu’elles étaient des femmes. Tant et aussi longtemps que les femmes continueront d’être objectifiées, minimisées, agressées et exploitées par quelques éléments de la société, qu’elles auront peur de signaler les crimes commis à leur endroit par crainte de représailles ou du caractère futile de la démarche, il y aura une raison de continuer de se concentrer sur la question féminine.

About Karen Kading
Karen Kading est membre de l’unité de négociation du personnel enseignant, District 11, Thames Valley et membre du Comité provincial sur le statut de la femme.

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